Très bientôt, je devrai choisir ce que j’apporte en Europe et ce que je laisse ici – oui, c’est ça, séparer le bon grain de l’ivraie, l’utile du superficiel, l’indispensable du commun, et ce dans un geste souverain et décisif. Non mais, qu’est-ce qu’on apporte quand on déménage quatre mois de sa vie à des milliers de kilomètres de la maison?
(Au moins sa brosse à dents, je sais, c’est bon.)
Une importante bataille émotive, artistique et morale se prépare dans mon étagère à CD. Je vous en reparle.
Mais pour les livres, c’est plus facile. D’abord, je n’aime pas tellement relire – ce n’est pas comme avec la musique, car c’est vraiment en écoutant et réécoutant un disque que l’on s’y attache, c’est pourquoi j’adore mes vieux albums : pour le souvenir. Et puis j’ai des raisons de penser que la France a quelques librairies et bibliothèques qui pourront satisfaire ma soif de lecture (en plus, ça va m’éviter d’avoir des bagages trop lourds).
Donc, pour les livres, c’est plus facile, je disais. Outre les guides touristiques, j’en apporte un. C’est La détresse et l’enchantement, de Gabrielle Roy.
Je ne sais pas si c’est le livre que j’apporterais sur une île déserte, mais pour un voyage en Europe, il me semble que c’est parfait.
D’abord, c’est superbement écrit. Ensuite, c’est plutôt dans le genre pavé, alors pas de risque de s’ennuyer.
Finalement, c’est intelligent, vraiment.
En gros, Gabrielle Roy raconte ses souvenirs de jeunesse au Manitoba, et son séjour à Paris et à Londres à la fin des années 1930.
J’ai lu ce livre cet hiver, alors que je me posais beaucoup de questions sur mon avenir. Hors, c’est spécialement le thème de La détresse et l’enchantement : quitter la maison, faire ses premières expériences, trouver sa vocation. J’avais l’impression que Gabrielle et moi, on pensait la même chose, et on se posait les mêmes questions.
Je me suis tellement reconnu dans ce livre. J’ai pris conscience que les humains, en général, ont à peu près toujours les mêmes préoccupations, les mêmes émotions, et que ce n’est pas parce que l’on tape à l’ordinateur que l’on est plus brillant que ceux qui nous ont précédé. Rien n’a changé.
Les chapitres qui se déroulent à Londres juste avant la Seconde guerre mondiale sont à souligner particulièrement. Le portrait est réaliste, les Londoniens attachants, l’ambiance terriblement bien décrite. C’est crédible, dépaysant et historique aussi.
Il y a des passages là-dedans qui sont de vrais bijoux. Et puis ça commence comme ça (paf, direct) : «Quand donc ai-je pris conscience pour la première fois que j’étais, dans mon pays, d’une espèce destinée à être traitée en inférieure?»
(Un jour, je vais en faire une adaptation pour la scène, et tout le monde pourra enfin être témoin du génie de Gabrielle Roy, et ça va être un succès, voilà.)
lundi 13 août 2007
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1 commentaire:
Mon cher Marco, j'ose croire que ce ne sont pas des paroles en l'air et qu'un jour vraiment, tu feras cette adaptation. Je serai la première à y assister. Tu devrais déjà commencer la réécriture...
Bisous de Montréal!
Sarah (Pepin, la grande fatigante de Jonquière)
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