samedi 15 décembre 2007

L'affreuse vérité sur Saint-Denis

(que je vous cache depuis des semaines)

Ce soir, sans concession, on se dit les vraies choses.
1 – Le Père Noël n’existe pas.
2 – Les gens qui dansent la Tecktonik sont ridicules.
3 – Saint-Denis n’est malheureusement pas le havre de bonheur et de sécurité que l’on pourrait croire en lisant mon blogue.

Car oui, il m’est arrivé une mésaventure dyonisienne – mais je n’ai rien écrit ici pour la santé de mes proches. J’ai gardé le meilleur (?) pour la fin (les émotions fortes, l’aventure, vous verrez).

C’est la nuit de la Nuit Blanche. Dernier métro. 1h45. Je rentre à Saint-Denis et il n’y a pas un chat. Oups, à deux rues de chez moi, je me rends compte que trois mecs s’avancent vers moi et m’entourent. «Hey, tu me donnes ton portable?» Pas plus compliqué que ça.
Je n’ai pas le temps de lui expliquer que je n’ai pas de portable. Ce qu’il pense être un téléphone dans ma poche, c’est mon appareil photo – que je suis obligé de lui tendre. Je veux dire, ils sont trois, il est 1h45, on est à Saint-Denis, on ne discute pas.

Bon, ensuite il y en a un qui met sa main dans ma poche, prends mon porte-feuille, me pique les 10 Euros qu’il contient, j’ai la peur de ma vie. Et me le redonne avec toutes mes cartes.

«Et ça, dans ta poche, ce sont tes clés ?
- Oui!»

Ils m’ont aussi dit de ne pas aller voir la police, que ma mère était ce que je vous laisse imaginer et que s’ils me retrouvaient, ça allait être pire. Je suis rentré chez moi et j’étais très en colère.
Marine avait déposé un mot sur mon lit : «Ta mère te demande de la rappeler ce soir. Tu ne pourras pas la rejoindre demain.»
(Evidemment, ce soir-là, j’ai gardé l’incident pour moi.)

Le lendemain, j’ai passé ma journée avec Claudie Bouchard et elle m’a convaincu qu’il fallait absolument que je rachète un appareil photo, car même si c’était plat, je ne pouvais pas être en Europe sans avoir d’appareil.
Il y a eu un petit billet sur ce blogue, ma manière personnelle de souligner l’événement.

Attention : je ne crois pas que cette anecdote soit nécessairement représentative des nuits de Saint-Denis (oui, parce que j’étais déjà rentré à cette heure-là avant et il ne m’était rien arrivé). Je ne veux rien ajouter à ma réputation déjà spéciale de la ville.
D’ailleurs, ma coloc qui adore Saint-Denis refuse de lier cet incident à notre quartier. Elle est la première à le défendre et à rappeler que des vols comme celui-là peuvent arriver partout.
Et en général, je serais prêt à dire que Saint-Denis est une ville plus humaine qu’on ne le croit.

(Mais bon, la semaine suivante, j’ai eu le malheur de sortir au guichet automatique alors que le soleil venait de se coucher. Deux types n’ont pas tardé à arriver, se sont posés de chaque côté du guichet, m’ont demandé : « Dis toi, t’as fait sortir combien? » J’ai pris mes billets et j’ai détalé. J’étais tellement naïf, j’ai perdu mes illusions cette semaine-là.)

Alors c’est ça, tout compte fait, je pense m’en être bien tiré. La semaine d’après, j’ai racheté un appareil photo chez Carrefour.

Je ne rentre plus à cette heure et j’ai appris la leçon.

(Et maman, c’est bon, demain je vais en Irlande, je ne cours plus de danger.)

4 commentaires:

Mémoriale a dit...

(Bon, je connaissais l'histoire, ce qui enlève une grosse partie de la charge émotive du récit, mais là, euh j'ai sourcillé : il a vraiment dit "ce SONT tes clés"? Je veux dire, ouah, moi qui remplace presque toujours par "c'est", fautivement, faut que j'aille faire un stage de perfectionnement à Saint-Denis ^^)

Mémoriale a dit...

Je ne sais pas si tu arriveras à lire ceci avant ton départ mais : le meilleur voyage de retour possible, et tout plein de neige fraîche à Québec !

Et puis... tu vas me manquer. Reviens vite !

Marco a dit...

Merci!

Et ce n'est pas une transcription littérale, bien sûr. J'imagine que l'auteur qui sommeille en moi aime avoir des agresseurs qui parlent un français irréprochable.

Anonyme a dit...

Bon, alors, ce n'est pas parce que tu es rentré que tu dois arrêter de nous donner des nouvelles !
Comment ça va ? Le voyage s'est bien passé ? Tu n'as pas subi un trop grand choc du retour ? Tu as décidé de revenir pour fêter le 31 décembre avec nous parce qu'on te manque trop ?